À la suite des nouvelles révélations de l’enquête de la presse OpenLux, véritable radiographie d’un paradis fiscal, Fabien Roussel s’est rendu au Luxembourg le 17 février 2021. Le secrétaire national du PCF a proposé à la gauche luxembourgeoise et belge de mettre nos forces en commun pour lutter contre l’évasion fiscale. L’objectif : mettre fin au système organisé d’optimisation fiscale aux dépens des peuples et au seul profit des multinationales.
Fabien Roussel a rencontré David Wagner, député Déi Lénk au Parlement (mouvement politique luxembourgeois de gauche) et lui a proposé, ainsi qu’au Parti du travail belge (PTB), une rencontre à l’Assemblée nationale en France pour faire des propositions communes pour lutter contre l’évasion et l’optimisation fiscale.

« On doit pouvoir définir les paradis fiscaux, y compris dans l’UE, ce que les traités européens nous interdisent pour l’instant. À défaut de pouvoir modifier les traités européens, on doit pouvoir revoir la convention fiscale entre la France et le Luxembourg pour la rééquilibrer et examiner les possibilités de prélever à la source les impôts sur les bénéfices, les dividendes et les plus-values boursières, avant qu’ils ne partent au Luxembourg ».
Le Luxembourg, place financière mondiale, compte 55 000 sociétés et 6 500 milliards d’euros d’actifs financiers. L’affaire Luxleaks en 2014 a révélé l’existence, au cœur de l’Europe, d’un système organisé d’optimisation fiscale aux dépens des peuples et au seul profit des multinationales.
Les communistes lorrains avaient créé un comité de soutien aux lanceurs d’alerte Antoine Deltour, Édouard Perrin et Raphaël Halet. 7 ans après, l’enquête OpenLux, réalisée par une quinzaine de journaux européens, montre la persistance de pratiques d’optimisation fiscale au Luxembourg, voire de fraude et de blanchissement. Selon l’OCDE, les États, qui ont pourtant besoin de financements considérables, perdent chaque année près de 300 milliards de recettes fiscales.
La lutte contre ces pratiques au seul profit des multinationales est un enjeu majeur pour la gauche et les forces progressistes, en Europe comme dans le monde
Le Luxembourg est aussi un État avec un développement économique reposant sur le travail frontalier. Sur 442 000 salariés au Luxembourg, plus de 200 000 sont des travailleurs frontaliers. La moitié sont français, les autres sont allemands ou belges. Le Luxembourg utilise une main-d’œuvre fournie par les pays voisins, sans partager la valeur produite, et c’est une des clés sa prospérité… Et cela en toute légalité ! Il recrute une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée, sans participer au financement de sa formation. Si l’attractivité des salaires des pays frontaliers est une réalité, dans le nord-lorrain, des services et activités de proximité sont menacés par l’insuffisance de professionnels qualifiés disponibles. Des entreprises lorraines délocalisent également leur siège au Luxembourg par commodité fiscale et sociale. Les professionnels de santé « fuient » les établissements français pour trouver des conditions salariées beaucoup plus attractives au Luxembourg. Pourtant, aucun accord n’existe pour que le Luxembourg participe au financement de leur formation…
Les directives européennes ont facilité la libre circulation de la main-d’œuvre, sans se soucier des effets néfastes produits. Un nouveau modèle de coopération transfrontalière est nécessaire, basé en premier lieu sur besoins de la population pour relocaliser des activités, sécuriser la population et les territoires et faire reculer le libéralisme.
Depuis plusieurs années, une coopération existe entre les forces progressistes des 4 pays (Belgique, Luxembourg, Allemagne et France) sur des objectifs partagés. De nouvelles initiatives communes sont prévues dans le cadre de la campagne européenne Pas de profit sur la pandémie.
Cet article, écrit par Jacques Maréchal, secrétaire départemental du PCF57, est également partagé sur le site national du PCF.
À lire sur ce sujet : notre article d’octobre 2020 sur les réalités du travail transfrontalier