DOSSIER SÉCURITÉ / Loi sécurité globale : urgence démocratique !

La polémique sur la loi Sécurité globale nous donne l’occasion d’évoquer des questions de fond sur la sécurité de notre pays, que nous avons choisi d’aborder sous l’angle du service public. Il s’agit d’assurer la sûreté des citoyens, l’un des droits naturels et imprescriptibles de l’être humain selon la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Aux premières loges face à ce que la société a de plus violent, la police doit être au service du peuple, et respectée en tant que telle. Mais elle est, aujourd’hui, en crise. Les manques de moyens et le mal-être la rongent. L’usage des policiers, par les gouvernements, à des fins de répressions politiques, ainsi que les violences arbitraires de certains fonctionnaires, creusent un fossé dangereux.

Une police pourquoi faire ?

La police dit beaucoup d’un régime politique. En France, la mission de « défense des libertés et de la République » a été supprimée du Code de déontologie des services de police en 2014, par Manuel Valls. Cette réécriture acte une dérive fondamentale de la définition et de l’usage de la police. Il convient donc de revoir le Code de déontologie et le schéma de maintien de l’ordre, en conservant tout ce qui va dans le sens d’une police républicaine et en expurgeant ce qui la dénature.  La police doit être au service du peuple, elle ne doit pas être dirigée contre les citoyens. Elle doit être exemplaire et assurer des missions de prévention et de répression.

Marche des Libertés à Metz, 16 janvier 2021
Revoir l’armement et les techniques

La répression des gilets jaunes a fait environ 2 500 blessés, dont 82 graves, 17 éborgnés et 4 mains arrachées, selon le décompte du journaliste David Dufresne. « Après avoir diminué depuis le début du XXe siècle, les violences policières sont en hausse depuis quelques années », note Sebastian Roché. Le sociologue du CNRS pointe une raison : « La combinaison inédite, en Europe occidentale, d’un matériel singulier, avec à la fois des lanceurs de balle de défense et des grenades (LBD), qui ont occasionné des blessures irréversibles dans des proportions précédemment inconnues en France et dans les démocraties européennes ». Cette situation a amené les sénateurs PCF à déposer une proposition de loi afin d’interdire les LBD.

Le retour d’une police de proximité

La restauration de la police de proximité, torpillée sous Nicolas Sarkozy, est indispensable pour renouer un lien de confiance entre la police et les citoyens. Et avec des moyens conséquents : le PCF propose 30 000 embauches. Anthony Caillé, enquêteur à la Police judiciaire et secrétaire national du syndicat de police CGT intérieur, ébauche aussi des pistes concrètes. À commencer par privilégier « les patrouilles pédestres » en tenue afin que « les habitants puissent les identifier et les aborder dans la rue », et qui pourraient avoir une finalité de renseignement. Le syndicaliste plaide aussi pour la réouverture de commissariats pour assurer un service public dans la proximité.

En Moselle de nombreux commissariats ont fermés, d’autres sont menacés. La gendarmerie ferme également des brigades en zone rurales. La police a également besoin de moyens supplémentaires, indispensables pour améliorer les conditions de travail des personnels. Et il y a urgence : en 2019, pas moins de 59 policiers ont mis fin à leurs jours, (35 en 2018) !     

Améliorer la formation et le contrôle de l’institution

Depuis juin, la formation du gardien de la paix a été réduite de 12 à seulement 8 mois. Au Danemark, elle dure 36 mois ! Améliorer la formation permettra d’améliorer l’efficacité du service public et de mieux préparer le fonctionnaire aux difficultés du métier, de faire reculer les discriminations dont le racisme et l’homophobie. C’est un enjeu majeur pour une institution qui doit représenter et faire respecter les valeurs de la République.

// Avec la collaboration de Lola Ruscio et d’Aurélien Soucheyre, du journal l’Humanité

La forte mobilisation contre cette proposition cette loi liberticide à la fin de l’année 2020 doit se poursuivre. La proposition de loi ayant été votée à l’Assemblée nationale, elle est désormais examinée par le Sénat, qui entend toutes les parties intéressées depuis début janvier 2021. La volonté de protéger les agents des forces de sécurité intérieure ne doit pas entraver les libertés citoyennes et notamment la liberté d’expression et la liberté de la presse, largement visées par le projet de loi.

Nous basculons d’un État de droit à un État qui se donne tous les droits !

Il faut convaincre de nos arguments nos députés et leur demander de s’opposer à cette loi. Et s’il le faut, nous retournerons dans la rue, jusqu’à l’abandon de cette loi dangereuse pour notre État de droit ! Les rassemblements organisés partout en France ont été un immense succès. Le 28 novembre, nous étions 500 000 personnes, dont 46 000 à Paris, plus de 500 à Metz. Poursuivons ensemble cette mobilisation !

Ce dossier est extrait de notre journal L’Avis en rouge n°2 de février-mars 2021, à retrouver dans son intégralité sur la page Kiosque de ce site.

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