CENTENAIRE DU PCF EN MOSELLE / Hommage à Édouard Schwartz

Les communistes de Moselle ont organisé une commémoration à Enchenberg, en hommage au militant et résistant Édouard Schwartz, le 31 décembre 2020. Découvrez la journée en images et plongez-vous dans le discours prononcé à cette occasion.

Enchenberg le 31 décembre 2020,

« Mesdames, Messieurs, chers camarades,

Nous sommes réunis ce dernier jour de l’année pour rendre un hommage à notre camarade Édouard Schwartz, exécuté par les nazis. Il n’est pas habituel de faire des commémorations un 31 décembre, mais cette année écoulée est singulière à plus d’un titre. Elle marque à la fois le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle marque aussi le 100e anniversaire de la fondation du Parti communiste en France. Nous avons choisi d’honorer un camarade à la date anniversaire de sa naissance.

Cet hommage prend une dimension importante à nos yeux, nous réparons un oubli. Nous associons à cet hommage tous ceux et celles qui ont combattu les nazis dans les conditions singulières de la Moselle annexée, et dont beaucoup sont tombés dans l’oubli. Nous souhaitons que les pouvoirs publics, les municipalités en particulier, donnent à toutes ces femmes et ces hommes la place qui leur est due dans l’Histoire et la mémoire collective.

Nous remercions la mairie d’Enchenberg de s’associer à cette cérémonie   d’aujourd’hui. Le nom d’Édouard Schwartz figure sur le monument aux morts de la commune, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour tous les résistants de Moselle.


Édouard Schwartz est né le 31 décembre 1900 à Enchenberg et a été guillotiné en juin 1943 en Allemagne. Nous savons peu de chose de la vie. Engagé aux chemins de fer, il démarra sa carrière en Moselle comme wagonnier à Basse-Yutz, puis il ira en Alsace, dans le Haut Rhin, à la gare de Lutterbach. Il était aussi syndicaliste CGTU puis CGT, et militant communiste. Il a fondé, à l’été 1934, une cellule communiste dans sa localité de Lutterbach. Il en fut le secrétaire et aussi été membre du comité régional.

En 1941, il fut désigné par Georges Wodli, dirigeant national du PCF et cheminot alsacien (lui-même assassiné par les nazis) pour organiser et diriger la résistance communiste dans le Haut-Rhin, avec Adolphe Murbach et René Birr. En liaison avec les communistes de Pfastatt, il a préparé le sabotage de la ligne Mulhouse-Strasbourg, mais fût arrêté avant l’exécution du projet. 

Cette arrestation a eu lieu à quelques kilomètres d’Enchenberg, à Petit-Réderching, dans le restaurant Le petit Moulin, le 28 mai 1942. Il fut condamné à mort pour « préparation d’actes de trahison et de haute trahison au travers de l’organisation d’un groupe communiste et par là favorisant l’ennemi » le 19 mars 1943, par la Cour de justice du peuple (siégeant alors à Strasbourg, sous la présidence de Roland Freisler). Malgré le recours en grâce, déposé le 27 mars par la délégation française auprès de la Commission allemande d’armistice de Wiesbaden, il fut guillotiné à la prison de Stuttgart le 29 juin 1943. Son corps servit aux cours d’anatomie à l’Université d’Heidelberg, puis fut jeté dans une fosse commune.

Jean Geiger, membre dès 1941 du réseau de résistance messin « L’Espoir Français », occupait une cellule voisine de celle d’Édouard Schwartz à la maison d’arrêt de Stuttgart. Il évoque, dans son journal, l’exécution de celui-ci, et précise que 13 autres condamnés ont exécutés en même temps que lui.


L’arrestation d’Édouard Schwartz et de nombreux résistants a été facilité parce que les Allemands ont trouvé intacts, dans les locaux de la préfecture de Colmar et de la sous- préfecture de Sarreguemines, les fiches de Police concernant les militants communistes et syndicalistes. Cette collaboration avant l’heure a eu des conséquences dramatiques et a privé la future Résistance en Alsace-Moselle de cadres aguerris.

Cette vie d’engagement s’est donc achevée à 43 ans, au début de l’été. Une vie donnée à la France, une vie militante, portée par des idéaux qui sont encore les nôtres aujourd’hui. Une vie donnée à la lutte contre le nazisme, comme des milliers d’autres dans ce département et dans tout le pays. Son combat contre le nazisme n’était pas un hasard. Comme de nombreux militants communistes et syndicalistes, il savait ce que représentait le nazisme pour avoir aidé les antifascistes allemands de l’autre côté de la frontière, dès l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler.

Édouard Schwartz fait partie de la centaine de résistants-cheminots morts pour la France, et tous nés dans notre département. Toutes ces vies, ces actes de bravoures sont, encore trop souvent, les oubliés de l’Histoire de la Moselle annexée. La mémoire de la Moselle résistante, de la Moselle populaire et ouvrière hostile à l’occupant nazi, doit être entretenue et commémorée. Aucun jeune, aucun habitant de ce département ne devrait ignorer cette page de notre histoire avec ses souffrances, et aussi ses héros et ses faits de gloire. On ne peut pas être orphelin d’une partie de son histoire.

Malgré les conditions particulières et très difficiles de l’Annexion, la Moselle était aussi une terre de résistance à l’occupant nazi. Je veux évoquer non seulement les réseaux de résistances, mais aussi les manifestations spontanées de la population. Comme à Montbronn, où à l’occasion d’une réunion publique du parti nazi, un indicateur de police notait que les jeunes gens se promenaient devant le café avec une attitude provocatrice, cigarette aux lèvres, mains dans les poches, tandis que le curé avait prolongé la durée de la messe.

Toute l’histoire de la Résistance en Moselle reste encore aujourd’hui largement trop peu connue de la population. La Fédération de Moselle du PCF s’adressera, dans les prochaines semaines, à l’ensemble des maires des communes concernées pour leur proposer de faire ce devoir de mémoire, comme nous l’avons fait pour la commune de Rohrbach-lès-Bitche, pour Nicolas Kalis (né  dans cette commune et mort en déportation, et dont le nom ne figure pas sur le monument aux morts).

Nous rendons hommage aujourd’hui, dans cette période si particulière, à Édouard Schwartz et à toutes celles et tous ceux ‒ interné(e)s, déporté(e)s, résistant(e)s et patriotes ‒ qui ont été victimes des camps du nazisme. Nous exprimons aujourd’hui notre volonté commune de ne pas oublier cela… Il est des pages de notre Histoire qui demandent plus que le souvenir : qui exigent respect, fidélité et vigilance.

Nous exprimons aussi notre fierté, en tant que communistes, de porter, de prolonger les idéaux de monsieur Schwartz, de Marie-Claude Vaillant-Couturier, de Marguerite Obrecht et de Pierre Georges, dit le colonel Fabien, pour ne citer que quelques résistants.

Les communistes ont apporté une contribution majeure à la lutte contre le fascisme. Ils ont marqué l’histoire de notre pays et de notre région. Ils ont joué un rôle central dans la réalisation des avancées sociales.

Communistes, nous sommes engagés dans des batailles qui dépassent notre destin personnel, portés dans par une volonté farouche de combattre les injustices, l’exploitation et les dominations.

Édouard Schwartz, et tous tes camarades : vous nous avez appris que le courage et la résistance sont des qualités fondamentales de l’engagement. Nous trouvons aujourd’hui une grande fierté d’être dans le même parti que le vôtre. Au nom de communistes de Moselle, nous célébrons aujourd’hui votre mémoire.  Honneur à toi Édouard, mon Camarade. Nous entendons poursuivre ton engagement et tes combats. »

Jacques Maréchal, secrétaire départemental du PCF

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