Pour préserver le pouvoir d’achat des ménages déjà largement mis à mal et soutenir l’économie, via la consommation, sur fond d’inflation galopante, la revalorisation générale des salaires est un combat prioritaire. Les syndicats de salariés n’ont pas attendu la nouvelle année pour faire entendre leurs revendications, partout à travers le pays. La grande distribution est un secteur particulièrement touché par la perte de pouvoir d’achat. Les salaires y sont bas, les salariés jugés comme « facilement remplaçables ». Pourtant, certains mouvements sont victorieux. Exemple chez Leroy Merlin, où les deux semaines la grève ont fini par payer .
Combien ? 65 €/mois pour les premiers niveaux de salaire, soit une augmentation mensuelle de 4 %. C’est 25 € de plus que ce que la direction de l’enseigne avait proposé lors des négociations annuelles obligatoires au début du mois de novembre 2021. Celle-ci ne souhaitait rehausser les salaires que de 2 %, un niveau inférieur au taux d’inflation (2,6 % d’après l’Insee).
Les salariés et l’intersyndicale (CFDT-CFTC-CGT-FO) ont immédiatement jugé cette revalorisation insuffisante et ont entamé une grève de haute intensité le 17 novembre. Au plus fort de la lutte, 37 magasins se sont mobilisés sur les 142 présents sur le territoire. Certains sites ont été entièrement bloqués par les grévistes, comme à Valence, par exemple.
À Houdemont, près de Nancy, les salariés ont dressé leur piquet de grève avec un but précis : alerter les consommateurs sur la situation. Pour eux, une si fragile augmentation des salaires était inadmissible aux vues des résultats du groupe (rappelons que l’enseigne est la propriété de la famille Mulliez, qui possède également Décathlon, Auchan, Boulanger ou encore Flunch). De plus, des primes proportionnellement bien plus élevées et des stock-options ont été accordées aux dirigeants par les actionnaires…
Un accord a finalement été trouvé fin-novembre. Fort de leur victoire, les 23 000 salariés ont bénéficié de leur augmentation de salaire dès le 1er janvier de cette nouvelle année. Pour calmer la gronde, les patrons se sont également engagés à doubler la prime de 100 € versée par le gouvernement et destinée aux français touchant moins de 2 000 € nets par mois.
Chez Leroy Merlin, la lutte pour les salaires va continuer, d’autant plus que l’inflation menace de passer la barre des 3 % d’ici au printemps.

Entretien avec Grégory Cipriano, 42 ans, vendeur au secteur aménagement chez Castorama à Augny, délégué CGT, mandaté à la CMP (Commission mixte paritaire)
Certaines enseignes de la grande distribution ont connu, fin 2021, des mouvements de grèves importants et victorieux. Comment expliquer une mobilisation aussi intense dans un secteur peu habitué à de tels mouvements sociaux ?
« Les salariés de la grande distribution sont parmi les plus mal payés. La rémunération au Smic est la norme. Dans certaines branches, les rémunérations sont mêmes inférieures, car les revalorisations du Smic ne sont pas immédiatement répercutées. Avec l’inflation et la hausse du prix des carburants d’un côté et les salaires de misère de l’autre, les travailleurs sont pris en étau. La situation n’est plus tenable. Dans le même temps, les dirigeants des grandes enseignes annoncent des profits record. La famille Mulliez, qui possède le groupe Leroy Merlin, a réalisé 800 millions de bénéfices en 2020… »
Quelles sont les suites envisageables à ce mouvement ?
« La mobilisation victorieuse des salariés de Leroy Merlin est amenée à faire tache d’huile. Dès le début de cette nouvelle année, des mouvements semblables à celui- ci devraient éclater dans plusieurs enseignes, dans les secteurs du bricolage ou de l’ameublement par exemple. Les salariés doivent se saisir de la période électorale pour mettre la pression et imposer les questions des augmentations de salaires et du partage des richesses comme enjeux de la campagne présidentielle. »
Est-ce qu’il y a d’autres motifs de mobilisation qui s’ajoutent à la question des salaires et du pouvoir d’achat ?
« La question salariale est la 1ère dans l’ordre des priorités dans la grande distribution. C’est quand le peuple a faim que les révoltes éclatent ! Derrière cette préoccupation, la question des conditions de travail est importante dans un secteur très précarisé, où le temps partiel subi est monnaie courante. De plus, avec la crise sanitaire, d’autres sujets suscitent l’inquiétude des salariés. Par exemple, l’imposition du pass sanitaire dans les entreprises risque de mettre le feu aux poudres ! »
Téléchargez le tract de campagne de Fabien Roussel sur la vie chère
La France des jours heureux, c’est :
- un smic à 1 500 € net
- l’augmentation générale des salaires, dont une hausse de 30 % du point d’indice des fonctionnaires
- une pension de retraite minimum à 1 200 €
- un revenu étudiant minimum à 850 € net par mois.
Cet article est extrait de notre journal L’Avis en rouge n°3 de février-mars 2022, à retrouver dans son intégralité sur la page Kiosque de ce site.