Jeudi 7 mars, les communistes de Moselle ont rendu hommage, conjointement avec la CGT Cheminots Lorraine, à Pierre Semard en gare de Metz. Vous trouverez ici l’hommage prononcé par Julien Rock, porte-parole du Parti Communiste Français en Moselle.

Ce qui marque en partie la vie de Pierre Semard, c’est un engagement total au service de ses
convictions, ce qui l’amène vite à subir la répression de la bourgeoisie et du patronat. Ces
multiples engagements, lorsqu’on s’y attarde, montrent qu’il est loin d’être une figure du passé.
Rendre hommage à Pierre Sémard est d’une éclatante modernité.
De janvier à mai 1923, emprisonné pour avoir dénoncé (au nom de la CGTU et du PCF)
l’occupation de la Ruhr, qu’il estimait être un frein à une paix juste et durable dans une Europe
et une Allemagne encore meurtries par la 1ère GM. A l’heure où la guerre fait rage sur notre
continent, où, en France, certains responsables politiques veulent envoyer notre jeunesse
mourir au front, les communistes restent fidèles à cet engagement de Pierre Sémard : porter
partout, en tout temps, le combat pour la paix.
Pierre Semard a eu le courage, à une période où le colonialisme bénéficiait d’un consensus au
sein de la classe dirigeante française, de clamer sa solidarité avec les peuples en lutte pour leur
liberté. Secrétaire général du PCF entre 1924 et 1929, il critique vivement la guerre du Rif,
conflit durant lequel les puissances coloniales européennes (dont la France) se sont coalisées
pour écraser le soulèvement d’une partie de la population marocaine pour son indépendance. Il
est emprisonné, de juin 1927 à 1928, pour cette prise de position. Être aux côtés des peuples
en lutte, choisir le camp de la liberté et de l’autodétermination face au nationalisme colonial,
voilà encore un exemple montrant la grande modernité des combats de Pierre Semard. Les
communistes poursuivent aujourd’hui cet engagement, en étant solidaires des peuples
palestinien ou cubain.
A l’arrivée du Front Populaire au pouvoir en 1936, Pierre Semard fait partie des dirigeants syndicaux qui portent auprès du nouveau gouvernement une exigence d’un service public du rail, qui se
concrétise avec la création de la SNCF dont il devient l’un des administrateurs. Il a dans ce
cadre porté plusieurs projets de réorganisation du rail en France, pour démocratiser ce moyen
de transport et en faire un vecteur d’émancipation et de liberté pour le peuple. A l’heure où les
gouvernements successifs ont démantelé et démantèlent toujours plus la SNCF, les
communistes restent fidèles aux idées de Pierre Semard, et se tiennent aux côtés des
cheminots dans la lutte pour un service public du rail unifié et porteur d’émancipation pour les
agents comme pour les usagers.
Pierre Semard a vu, très tôt, les risques du danger fasciste. Dès les années 20, à une période
où le PCF menait une politique d’isolement vis à vis des autres forces de gauche, il a pointé la
nécessité de discuter avec nos partenaires de gauche pour, quand la situation l’exige, faire front commun face au fascisme. Il faudra attendre la montée du nazisme et de la violence fasciste en
France, dans les années 30, pour que les intuitions de Pierre Semard se concrétisent dans la
création du Front Populaire. De ce point de vue, on peut dire qu’il en fut l’un des précurseurs.
Il est emprisonné après la signature du pacte germano-soviétique, les dirigeants français en
profitant pour désigner les communistes français comme des agents dormants du nazisme :
nous savons bien que c’était en réalité tout le contraire. L’originalité de la figure de Sémard,
c’est qu’il est déjà emprisonné au moment où la France capitule et où ses dirigeants et ses
patrons se vautrent dans la collaboration avec Hitler. Peut-on en déduire que Sémard n’a pas
résisté ?
Nous l’avons dit, Pierre Semard a lutté contre le fascisme dès les années 20. A partir de 1940,
depuis sa cellule de prison, il continue la lutte par les mots : dans ses écrits de prison, il
dénonce immédiatement la collaboration et appelle à la défense de la patrie en danger et de la
République, il affirme notamment que les cheminots ont un rôle particulier à jouer dans la
résistance face à l’ennemi. Son rôle est donc loin d’être négligeable dans la naissance et le
développement de la résistance communiste et cégétiste face au régime de Vichy et au
nazisme.
A l’heure où la résistance communiste entre au Panthéon, le PCF s’incline devant Pierre
Semard et rend hommage, à travers lui, à tous les cheminots qui ont payé de leur vie leur
combat pour une société plus juste, plus libre et plus égalitaire. Les combats qui furent les siens
sont désormais les nôtres.
