PETITE ENFANCE/ Non aux profits sur nos enfants!

Ces derniers jours, les media nationaux ont commencé à évoquer le développement effréné des crèches privées à but lucratif depuis le début des années 2000. La Moselle n’est pas épargnée par ce mouvement de fond, symbole des politiques libérales visant à sacrifier la jeunesse sur l’autel du profit.

Comment le privé s’est-il introduit dans le milieu de la petite enfance ?

Avant d’exposer la situation dans notre département, il convient de comprendre comment et pourquoi ces crèches privées lucratives se développent si rapidement. Au début des années 2000, face au manque de places dans les crèches publiques, le secteur est ouvert au privé, qui s’y engouffre, y voyant une nouvelle source de profits.

Aujourd’hui, quelques mastodontes se partagent le marché français : People & Baby, La Maison Bleue, ou encore Les Petits Chaperons Rouges. Leur logique est simple : maximiser la fréquentation des crèches, et surfacturer des places aux entreprises qui les payent à prix d’or pour leurs salariés, cet investissement étant ensuite remboursé par l’Etat. Dans la petite enfance comme ailleurs, on arrose toujours le privé d’argent public sans contrepartie !

Cette logique de rentabilité à tout prix se fait évidemment au détriment de la bonne éducation, de la santé physique et mentale et de la sécurité des bébés accueillis. Plusieurs journalistes ont commencé à enquêter sur des cas de maltraitance, dont certains ont déjà été avérés : rationnement du nombre de couches par bébé, nourrissons essuyés avec de l’essuie-tout irritant pour la peau… Un cas extrême est même à déplorer : à Lyon en 2022, une auxiliaire de puériculture à bout de force à fait ingérer un liquide toxique à un bébé de 11 mois, causant sa mort. Ce système maltraite nos enfants, et broie les femmes qui ont pour métier de s’en occuper.

Et localement ?

A Behren les Forbach, une crèche gérée par People & Baby, le leader du secteur, a subitement fermé en juin 2022, laissant de nombreuses familles sans solution de garde. Si les raisons exactes n’ont pas été rendues publiques, une mauvaise gestion semble être en cause, comme cela a été le cas dans d’autres structures de ce grand groupe.

Récemment, la communauté de communes Rives de Moselle a diffusé des flyers avec son logo, laissant donc penser à une initiative publique, annonçant l’ouverture d’une crèche à Mondelange. Pour les familles espérant l’arrivée d’un service public de la petite enfance dans leur commune, la déception fut grande : il s’agit en réalité d’une structure financée par des fonds publics, mais gérée par le grand groupe La Maison Bleue.

Une situation de délégation de service public à un groupe privé lucratif est incompatible avec le bien-être des salariées qui y exercent et des enfants qui y sont accueillis. Comme toujours, la communication est grandiloquente (on parle d’une « empreinte écologique forte » (sic) ), mais la réalité est moins séduisante (il s’agit d’une rangée de tilleuls plantée à l’arrière de la crèche…). Qu’importe la vérité, l’important est d’avoir le plus grand nombre de clients pour dégager le plus de profits possible.

A Metz enfin, la situation est particulièrement éclairante. Le maire François Grosdidier a soutenu l’arrivée du privé dans le secteur quand il était député en 2003. Ce sont aujourd’hui 150 places d’accueil qui sont gérées par le privé lucratif dans la ville, soit 13% de l’offre totale. Cela dans une ville dont le maire assume que la petite enfance n’est pas une priorité, préférant sans doute gaspiller l’argent public dans des navettes fluviales…

La nécessité de développer un vrai service public de la petite enfance

Les communistes s’opposent à la présence du secteur privé dans un domaine aussi essentiel que les premières années de l’enfance. Nous défendons un véritable service public de la petite enfance, ce qui suppose notamment de prendre les mesures suivantes :

-Un plan de recrutement d’auxiliaires de puériculture, d’infirmières puéricultrices et d’éducatrices de jeunes enfants afin d’assurer un accueil de qualité.

-L’augmentation des salaires et une amélioration de la formation pour ces métiers, devant mener à une meilleure reconnaissance dans la fonction publique.

-Financer le développement de nouvelles places d’accueil dans des structures publiques partout sur le territoire.

Pour cela, l’argent existe : actuellement, les fonds publics arrosent les crèches privées lucratives. Cet argent est le nôtre : reprenons-le pour l’investir dans un service public de la petite enfance, seul vecteur d’égalité pour les familles et d’émancipation pour les jeunes enfants.

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