Une réunion féministe non-mixte organisée par la Fédération

C’était une « première » ce soir là, à la fédération du PCF, à Hagondange. Une vingtaine de femmes
s’étaient réunies le 10/05 pour parler de leur engagement, des réalités qu’elles vivent au quotidien, avec le souhait de s’exprimer plus librement qu’habituellement.

Monopoliser la parole, c’est monopoliser le pouvoir
Au départ, deux constats avaient motivé la proposition de cette réunion. D’abord, la réalité de la
fédération, 74 femmes contre 235 hommes , c’est à dire seulement 30 % de femmes adhérentes en
Moselle. Ensuite, des propos récurrents sur la difficulté des femmes à trouver leur place lors des réunions. Alors que les hommes occupent la quasi totalité des prises de parole, les femmes éprouvent un sentiment d’illégitimité, ne se sentent pas assez armées pour aborder la plupart des sujets, pas suffisamment informées. Or monopoliser la parole, c’est monopoliser le pouvoir.


D’autres freins à l’engagement sont déjà connus. Les femmes ont plus de difficultés à dégager du temps pour participer aux activités du parti (réunions, actions, manifestations …) car elles consacrent plus de temps quotidien aux taches domestiques (3H26 en moyenne contre 2h35 pour les hommes). Ce sont les femmes aussi qui occupent les emplois les plus précaires, qui sont les plus mal rémunérées et qui perçoivent les retraites les plus basses. Ce sont elles encore qui dans leur grande majorité prennent en charge leurs aînés, ou des situations de handicap, quand c’est le cas.

Faire progresser la place des femmes, un enjeu logique pour le PCF
Il ne s’agit évidemment pas de dire qu’il y aurait un engagement « féminin » uniquement déterminé par le genre mais bien de cerner des réalités spécifiques aux femmes, parce que dues aux discriminations dont les femmes sont victimes dans notre société.


L’un des objectifs de la réunion, c’est aussi de proposer un cadre qui permette de faire émerger des paroles que les camarades femmes gardent le plus souvent pour elles. La non-mixité permet une empathie, une compréhension et l’absence de crainte d’être jugée en tant que femme.


Si nous voulons que notre parti participe de manière prédominante à l’avènement d’un féminisme qui
devienne réalité, il faut que toutes les femmes sentent qu’elles y ont leur place. Rappelons-nous que dans son histoire, le PC a été le premier parti à porter en 1925 des candidatures de femmes aux élection municipales, alors qu’elles n’avaient pas encore le droit de vote qui n’advient qu’en 1945 !
Pourtant au PCF, comme dans beaucoup d’autres organisations et partis, le nombre de femmes chute encore lorsqu’il s’agit d’accéder aux responsabilités (75 % des secrétaires fédéraux sont, par exemple, des hommes).


Chez les communistes, même si la démocratie est plus développée qu’ailleurs, on constate que ce sont les femmes qui sont plus impliquées dans des tâches organisationnelles, dans la préparation concrète de la vie militante, moins présentes dans les rencontres plus politiques comme des négociations lors d’élections, moins sollicitées et donc moins représentées comme auteures d’articles dans nos journaux et nos revues.

Une première réunion qui a porté ses fruits
Ce soir- là il y avait des femmes de tous âges, des militantes syndicales, des femmes occupant des
responsabilités, d’autres élues depuis de longues années.


La plupart ont exprimé leur inquiétude face aux inégalités dont sont victimes les femmes qui ne cessent d’augmenter et de s’accentuer : travail, études, salaires, carrières, retraites, insécurité physique et sexuelle, précarité, isolement, prise en charge du handicap, des proches âgés … Ces discriminations ne favorisent pas l’engagement des femmes, y compris pour les femmes communistes. Elles sont pourtant particulièrement motivées pour changer notre société qui repose à la fois sur un modèle ultra capitaliste et patriarcal.

Les femmes présentes ont pu partager leur expérience concrète de ce que système signifie: discriminations et sexisme au travail, sentiment d’illégitimité des femmes élues, persistance d’un discours patriarcal dans le milieu syndical, la difficile conciliation du rôle de mère et de militante…


Toutes les femmes présentes ont pris la parole et chacune a pu exprimer ses difficultés à militer. A partir de ces premiers échanges, nous pouvons envisager de réfléchir à des propositions concrètes pour faciliter la présence des femmes et leurs paroles.


Pour que notre parti devienne un parti féministe, il faut un changement de paradigme. Cette première
soirée non mixte en est, à notre modeste niveau, le premier jalon. Une prochaine réunion non mixte sera organisée avec l’objectif que les femmes de notre parti deviennent force de proposition pour contribuer à la réalité de l’égalité entre les femmes et les hommes, dans notre parti et dans toute la société.

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